TENSIONS SUR LES APPROS
Tensions sur les appros - Le syndicat des trieurs à façon appelle à la vigilance
RÉSERVÉ AUX ABONNÉS 08.07.20
«Dans des départements comme l'Indre-et-Loire, où 20% des semis de blé d'hiver ont été impossibles, de fortes tensions se sont manifestées sur les semences d'orge de printemps», indique le Staff. © Tanguy Dhelin/GFA
Face à une saison « atypique », le Syndicat des trieurs à façon de France invite les agriculteurs à s'interroger sur la sécurité de leur approvisionnement en semence.
Cette campagne 2020 est marquée par une « conjonction de deux crises, agroclimatique et sanitaire », résume Sylvain Ducroquet, président du Syndicat des trieurs à façon de France (Staff), dans un communiqué du mardi 7 juillet 2020. La profession se félicite d'avoir été « opérationnelle » pendant le confinement, et ce d'autant plus que les difficultés de semis ont entraîné des reports de cultures d'hiver vers celles de printemps. Les professionnels de la semence de ferme ont ainsi connu au printemps une « activité particulièrement intense ».
Des tensions dues aux reports de semis
Le Staff estime que 7 % environ des semis de blé tendre d'hiver n'ont pu être effectués en raison de la pluviométrie excessive, et ont été repoussées au printemps. « Au total, 365 000 ha sur 5 Mha n'ont pas pu être ensemencées dans deux tiers des départements français, indique le syndicat. L'industrie semencière a tenté de répondre à la crise en triplant la production de semences de blé de printemps. Toutefois, l'amélioration des conditions de travail du sol a été trop tardive pour la mise en place de cette culture. »
Les agriculteurs se sont tournés vers d'autres cultures de printemps, comme l'orge, le millet, le pois ou le maïs. Ces reports ont entraîné une pression sur l'approvisionnement en semences, notamment en orge de printemps, dans certains départements. « Beaucoup d'agriculteurs ont ainsi eu recours à la semence de ferme pour préparer leurs semis de printemps », rapporte Sylvain Ducroquet. Contraints « d'improviser », tous les agriculteurs n'ont pas eu la possibilité de semer ce qu'ils voulaient.
Anticiper les aléas par des « stocks de précaution »
Beaucoup se retrouvent avec un stock de semences de blé tendre d'hiver 2019. « En raison de ces stocks de report, nous nous attendons à un fléchissement des volumes triés cette saison. Une baisse que ne signifiera en rien un fléchissement de l'intérêt des agriculteurs pour la semence de ferme », prévient Sylvain Ducroquet. Il invite les agriculteurs à la vigilance : même si les semences se conservent, il est nécessaire de surveiller les taux de germination de leurs stocks, et compenser les éventuelles pertes par une densité de semis plus élevée.
Le Staff appelle les agriculteurs à « s'interroger sur la sécurité de leur approvisionnement en semences ». « L'expérience a montré qu'il ne suffit pas d'avoir les quantités de semences, mais qu'il faut aussi avoir les espèces et les variétés adaptées aux conditions de l'année », appuie Sylvain Ducroquet. Dans certains secteurs, nos clients ont eu le sentiment de passer près de la catastrophe. Certains auront expérimenté des cultures sans connaître les débouchés ni les conditions de commercialisation.» Face aux crises et l'amplitude des aléas, il considère « indispensable de lancer une réflexion sur la notion de stocks de précaution. »
Justine Papin